Élections présidentielles Américaines : Vers une redistribution des cartes ?

Actualité Presse | 29 octobre 2020

Source : Site de Meeschaert AM

Si l’attention des médias, commentateurs et investisseurs est focalisée sur l’issue du duel entre Donald Trump et Joe Biden, les enjeux des élections présidentielles américaines sont beaucoup plus complexes.

En effet, contrairement à la France où le président élu bénéficie automatiquement d’une majorité parlementaire, la réalité est bien différente outre-Atlantique.

Les électeurs vont aussi choisir leurs députés à la Chambre des représentants, un certain nombre de gouverneurs, juges, shérifs, et renouveler un tiers du Sénat. Celui-ci sera d’ailleurs au cœur de l’autre bataille disputée entre les deux camps. En effet, si la Chambre des représentants semble partie pour rester aux mains des démocrates, le Sénat, où les républicains ont actuellement une majorité de trois sièges, pourrait basculer. Pour bien cerner l’importance de cette possibilité, voici les différents scénarios qui pourraient en résulter et les conséquences économiques et politiques.

Victoire de Joe Biden et le Sénat bascule à majorité démocrate :

Tous les leviers du pouvoir sont maintenant entre les mains des démocrates. Ceux-ci annoncent que, dès l’entrée en fonction du nouveau président, ils voteront un plan massif d’aide et d’investissement. Infrastructures, énergies renouvelables, santé, indemnisations chômage, la liste est longue, et les budgets à voter colossaux. Plus de 3 500 milliards de dollars qui seront financés par des hausses d’impôts, sur les hauts revenus, et surtout sur les entreprises, dont le taux d’imposition passerait de 21 % à 28 %.

• Ce scenario est celui que les marchés financiers ont commencé à anticiper. Le pari est que les investissements directs générés dans différents secteurs de l’économie feront plus que compenser les hausses d’impôts annoncées. Ainsi, la croissance économique repartira fortement : c’est le fameux « relais fiscal » que souhaitent Jérôme Powell et la Reserve fédérale.


Marchés haussiers

Taux de probabilité

 

Victoire de Joe Biden, mais le Sénat conserve la majorité républicaine :
Le nouveau président devra négocier avec les sénateurs républicains. Ceux-ci, désirant s’affranchir de Donald Trump, qui n’est plus une force politique, trouvent avec Joe Biden quelques terrains d’entente. Un plan massif d’amélioration des infrastructures, sujet où les deux partis peuvent se rejoindre, est mis en place. Pour

le reste, Joe Biden doit compter sur l’utilisation des décrets présidentiels.

• Ce scenario ne fait pas craindre de reprise de l’inflation. Les taux d’intérêt rebaissent, car le déficit budgétaire n’augmentera pas plus rapidement que précédemment. Tôt ou tard, la sortie de la crise sanitaire permettra à la croissance économique de garder une vitesse de croisière satisfaisante.


Marchés modérément haussiers

Taux de probabilité

 

Victoire de Donald Trump et le Sénat conserve la majorité républicaine :

Donald Trump poursuit sa politique de baisse d’impôts, et de régularisation, quitte à accroître la fracture sociale. Il arrive aussi à convaincre les républicains d’approuver un plan d’investissements en infrastructures. Les dépenses militaires continuent aussi à augmenter. Wall Street, qui ne soutenait pas Donald Trump, réagit pragmatiquement à ces résultats. « Business is business. »

• Ce scenario, bien que relativement positif économiquement, a un impact social négatif.


Marchés modérément haussiers

Taux de probabilité

 

Donald Trump se proclame élu :
Le 4 novembre au matin, Donald Trump se proclame élu. Il a une avance notable sur Joe Biden au niveau des grands électeurs, même s’il arrive derrière Joe Biden en nombre de voix. Le décompte des votes par correspondance – choisi en majorité par les électeurs démocrates – se poursuit. Au fil des jours, les Etats charnières basculent dans le camp de Joe Biden. Quelle que soit l’issue des élections au Sénat, tous les yeux seront tournés vers les deux hommes.

• Ce scenario redouté se révèle négatif à court terme pour les marchés. Mais les institutions américaines sont solides et après des rebondissements, la Cour suprême valide les résultats des élections, un des deux candidats l’emporte et commence son mandat à la date prévue de 21 janvier.


Marchés baissiers*

Taux de probabilité

 

*Marchés baissiers pendant la période d’incertitude, mais redevenant modérément à complètement haussiers une fois les résultats définitifs prononcés.

Pour conclure, la question primordiale est la suivante : les élections américaines sont-elles déterminantes pour l’orientation future des marchés financiers ? Si la réponse est oui, il faut cependant constater que la réalité peut réserver bien des surprises.

Que nous disent les performances des indices boursiers américains durant ces dernières décennies ? Depuis 1929, la performance moyenne cumulée de l’indice Standard and Poors 500 pendant une administration démocrate est une hausse de 99 %, contre 30 % durant une administration républicaine.

Les hausses de 209 % pendant la présidence de Bill Clinton ou de 166 % pendant celle de Barack Obama, tous deux démocrates, contredisent l’idée reçue que les républicains sont « pro business », et les démocrates néfastes pour les marchés financiers. Quant à Donald Trump, s’il n’a pas à rougir d’une hausse de seulement 47 % durant son mandat, une redistribution des cartes, si elle a lieu, pourrait nous étonner, pas forcément à son avantage.