Evolution des marchés au dernier trimestre

Analyse | 3 octobre 2018

Note de gestion

Catherine WAJSMAN répond à une batterie de questions destinées à aider à comprendre l’évolution des marchés au trimestre passé.

 

1. L’évolution des marchés au 3ème trimestre de cette année vous a-t-elle étonnée ?

Pour faire court, on a pu constater l’absence de krach sur les marchés financiers pendant l’été. L’été a été « chaud », mais seulement sur le plan climatique.

 

2. Quels sont les facteurs qui ont dominé ce 3ème trimestre ?

En Europe, le gouvernement populiste italien menace l’orthodoxie budgétaire, la crise des migrants a conduit à placer la note de l’Italie sous surveillance, le Brexit continue de porter une forte dose d’inconnu, la Chancelière d’Allemagne est affaiblie au sein de son propre Parti, les prochaines élections européennes sont particulièrement peu lisibles.

Hors d’Europe, de nombreux pays émergents sont fragilisés : Venezuela, Brésil, Argentine, Egypte, Afrique du Sud, Tunisie…sait-on que le peso argentin a perdu 70 % de sa valeur depuis le mois de mai ?

Le 3ème trimestre a été marqué par la forte dispersion des performances sur les marchés :

  • Remontée des actions principalement dans trois secteurs : technologie, luxe et pétrole.
  • Hausse significative du marché américain sous toutes ses formes : S&P, NASDAQ. Ainsi, au mois d’août, le S&P a progressé de 8,8 % alors que l’EUROSTOXX 50 a baissé de 3,5 % et les marchés émergents de 4,5 %.
  • De façon plus globale, du 1er janvier au 30 septembre, le S&P 500 a progressé de 9 % contre – 2 % pour l’indice des actions européennes.

 

3. Au vu de la diversité des résultats des fonds, comment expliquez-vous les performances presque systématiquement négatives des fonds flexibles et diversifiés ?

De toute évidence, les fonds diversifiés ont été sous-investis, craignant les excès de volatilité provoqués par l’imprévisibilité du Président TRUMP. Par ailleurs, les valorisations élevées des valeurs de croissance ont dû inquiéter les gérants des fonds flexibles et diversifiés, d’où une sous-pondération de ces valeurs, qui, elles, ont surperformé. Enfin, les marchés obligataires ont défavorisé leurs performances de quelques points, d’où notre préférence, depuis un certain temps, pour une allocation actions/cash.

 

4. Comment expliquez-vous depuis le début de l’année la hausse des valeurs de croissance par rapport aux valeurs « value » ?

Elles ont bénéficié des taux bas, qui ont favorisé les entreprises ayant une bonne visibilité des profits à long terme. Exemples : les technologiques et les valeurs Santé.
Il est clair qu’en cas de coup de grisou sur les marchés, leurs cours souffriront de façon plus radicale. Par surcroît, la hausse des taux les défavorisera, surtout si les marchés considèrent qu’elles sont surévaluées.

Cela veut-il dire que les valeurs industrielles et financières prendront le relais de la hausse ? Ce n’est pas sûr.

 

5. Comment expliquez-vous la stagnation, voire la baisse des prix de certaines matières premières et comment analysez-vous l’avenir des cours du pétrole ?

Curieusement – et contrairement à ce qui se passait autrefois – les valeurs refuge ne sont plus recherchées, même en cas de tensions politiques. Du côté des métaux de base, les investisseurs scrutent avec attention le feuilleton des négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.

Quant au cours du pétrole, la question est de savoir si la réduction de la production au Venezuela et en Iran entraînera une hausse ou si l’OPEP sera en mesure d’augmenter sa production pour compenser.

 

6. Vous avez, en début d’année, cru à la hausse des « hedge » funds. N’êtes-vous pas déçue ?

Si, complètement. Nous avons cru que la volatilité que nous anticipions, à juste titre, allait favoriser les performances, d’une part des fonds investissant sur le VIX (indice de volatilité) et, d’autre part, des « hedge » funds tirant les performances des variations de marchés. Ce ne fut pas le cas. Les quelques 300 milliards de dollars principalement investis sur ces stratégies ont baissé. Nous avions eu raison d’abandonner les hedge funds depuis les années 2008/2011, après 30 années de hausse ininterrompue. Nous avons cru, en 2018, à un regain d’intérêt pour ces stratégies.

 

7. Peut-on considérer que les problèmes politiques en Europe et au-delà ont déjà été anticipés par les marchés, qu’ils sont intégrés dans les cours et que l’on peut espérer une certaine sérénité ?

Non. Il n’y a jamais de nirvana sur les marchés financiers. Et surtout pas en octobre. Chaque jour apporte son lot de statistiques, de déclarations, voire de catastrophes. De plus, cette année, les élections mid-term de novembre aux Etats-Unis ainsi que les semaines qui les précéderont apporteront leur lot de surprises.

Le « challenge » pour une société de gestion comme la nôtre, qui pratique le stock picking et l’architecture ouverte, consiste à repérer les titres et les gérants qui sont les mieux adaptés aux sautes d’humeur des marchés.